Malgré la présence de femmes d’exception qui ont marqué l’histoire du sport automobile, pendant longtemps elles ont été sous-représentées dans ce domaine. Depuis quelques années, les codes changent et les mentalités évoluent à ce sujet.
Chez GCK Performance, peu importe le genre, la passion et le savoir-faire sont les principales qualités recherchées chez nos collaborateurs.
Découvrez le témoignage de Géraldine Latreille, alternante au sein de notre bureau d’études.
Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je suis Géraldine Latreille et j’ai 21 ans. Je suis passionnée par le sport automobile depuis toute petite. Mes parents sont dans ce domaine depuis toujours, plutôt en course de côte, et nous avons commencé sur circuit depuis quelques années.
Je suis actuellement en 3e année de mon BUT Génie Mécanique et Productique et je suis en alternance chez GCK Performance depuis septembre 2023.
L’année prochaine, je devrais intégrer l’ISAT à Nevers pour aller au bout de mon projet.
Quelles sont tes responsabilités actuelles dans le cadre de ton alternance chez GCK Performance ?
Je suis alternante au sein du Bureau d’Etudes et j’ai pour mission de travailler sur le développement des véhicules pour les faire évoluer. Je suis un peu un couteau suisse sur tous les projets, j’aide à faire gagner du temps aux designers, modeleurs, ingénieurs et concepteurs de l’équipe sur chacun d’eux.
Qu’est-ce qui t’a motivé à choisir une carrière dans le sport automobile ?
J’ai évolué dans ce milieu depuis toujours à travers la passion de mes parents et c’est aujourd’hui la mienne également. C’était évident pour moi de m’orienter vers cette carrière pour allier passion et travail.
Comment perçois-tu la place des femmes dans le sport automobile aujourd’hui ?
Personnellement, je pense que les femmes ont tout à fait leur place dans le sport automobile. Ma mère est pilote et fait des courses de côte, donc j’ai grandi en ayant cette image. Il est vrai qu’il y a moins de femmes que d’hommes et que nous pouvons sentir les regards sur nous, une sorte de jugement de certaines personnes, mais ce n’est pas ça qui doit nous arrêter ou nous décourager.
As-tu des modèles féminins dans le domaine du sport automobile qui t’inspirent ? Si oui, qui sont-ils et pourquoi ?
Les femmes en général, qui montrent et prouvent que nous avons notre place aussi et que nous sommes capables d’avoir des résultats identiques aux hommes.
Je pense notamment aux Iron Dames qui est une équipe de course d’endurance entièrement féminine. C’est un projet qui a pour but de promouvoir et de soutenir les femmes dans le sport automobile sur un pied d’égalité avec les hommes. Ce projet vise non seulement à promouvoir l’intégration des femmes à tous les niveaux, mais aussi à développer de jeunes talents féminins, des catégories juniors aux catégories professionnelles. Leur slogan « Women driven by dreams », « Des femmes animées par des rêves », reflète le fait que chaque femme peut atteindre ses objectifs, lorsqu’elle est animée par le travail, la résilience et la passion.
Quels sont, selon toi, les principaux obstacles que rencontrent les femmes dans le sport automobile ? As-tu personnellement rencontré des difficultés ou des préjugés en tant que femme dans ce milieu ?
La difficulté d’être une femme en sport automobile c’est de ressentir qu’on a toujours quelque chose à prouver. Nous devons montrer que nous avons notre place et que nous pouvons être tout aussi compétentes, mais si nous sommes plus fortes, cela peut également se retourner contre nous.
Je pense que le plus gros obstacle est le jugement des autres. Certaines personnes pensent qu’une femme n’est pas censée être là ou participer à une compétition automobile. Certains hommes n’acceptent pas qu’une femme puisse par exemple être devant eux en course. Il n’y a pas forcément de violence verbale, mais le simple fait de gagner peut créer des conflits, même inconsciemment : ils vont mettre de la distance, nous mettre à l’écart des autres ou nous rejeter. C’est difficile mais cela ne doit pas nous arrêter et nous empêcher de vivre notre passion.
Même si cela persiste, je pense qu’il y a une évolution et que cela va mieux depuis quelques années.
Je n’ai jamais vécu de situation très négative par rapport à ça personnellement, mais j’ai vu comment cela pouvait se passer en compétition par exemple.
Dans mon travail, ça s’est toujours bien passé.
À l’école, cela peut-être plus remarquable car les jeunes ne sont pas toujours faciles entre eux et nous pouvons très vite être catégorisées ou il peut exister des a priori sur nous uniquement car nous sommes des femmes dans un milieu plutôt masculin à l’origine.
Dans ma classe, nous étions 6 filles sur 42 élèves. Il y a du progrès, mais il reste encore de gros écarts.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes filles et aux femmes qui souhaitent entrer dans le sport automobile ?
Je leur dirais que si c’est leur passion, alors foncez. Il ne faut pas arrêter par rapport au jugement des autres ou à la moindre parole ou remarque négative, et que dans tous les cas il vaut mieux vivre avec des remords qu’avec des regrets. Il ne faut pas perdre confiance, ni avoir peur, les femmes sont tout aussi capables que les hommes dans ce domaine et nous avons notre place.
Penses-tu que les mentalités et les mœurs évoluent favorablement pour les femmes dans ce milieu ?
Je ne sais pas si c’est parce que j’ai grandi que j’en ai pris conscience au fur et à mesure et que j’ai fait plus attention, mais de mon point de vue, il y a de plus en plus de pilotes féminines. Petit à petit, les personnes qui sont contre leur présence sont forcées d’admettre que les femmes ont leur place et que leur jugement est infondé. La critique ne les arrête pas, elles sont plus fortes que ça. Malheureusement, il y a une certaine pression qui subsiste.
Quelles initiatives ou changements sont nécessaires pour favoriser une plus grande inclusion des femmes dans ce secteur ?
La création de compétitions féminines comme la Coupe des dames ou les championnats féminins dans différentes disciplines est importante pour leur ouvrir les portes de ce milieu.
Quelles sont tes ambitions futures dans le sport automobile ? Qu’espères-tu accomplir personnellement dans ta carrière dans le sport automobile ?
J’aimerais être Ingénieur piste ou Ingénieur d’exploitation pour travailler sur la partie analyse de données et amélioration de véhicules sur les événements.
À côté de ma profession, je suis également commissaire de piste. J’ai réalisé une formation il y a un an et j’ai déjà participé à plusieurs courses au circuit de Charade, au Mans, à Magny-Cours et à Dijon. Il faut beaucoup de commissaires, c’est important. Il y a des femmes, mais nous sommes encore trop peu nombreuses.
Quel message souhaiterais-tu mettre en avant pour conclure ce témoignage ?
Les femmes ne doivent pas rester à l’écart dans leur coin, chacun et chacune a sa place et il n’y a pas de genre qui correspond à un métier.